Lundi 16 avril 2012
J'ose aujourd'hui m'adresser à vous, avec tout le respect et l'amour que je vous dois, parce que
j'ai une merveilleuse nouvelle à vous annoncer.
La maison, votre maison, cette maison que tu as construit pierre par pierre de tes mains, papa, cette
maison dont tu étais si fier, elle va enfin revivre. Elle qui de tous temps a résonné des éclats de voix, des courses dans les couloirs et des cris joyeux des enfants et des petits-enfants, cette
maison pleine de vie et de joie est "morte" depuis que vous êtes partis.
Vous avez dû vous sentir bien seuls ces deux dernières années entre ces murs froids et
désespérément vides.
Vous qui étiez si fiers de vos enfants, de la merveilleuse harmonie que vous avez su construire avec
votre coeur chaleureux et aimant !
Vous n'avez rien compris quand notre belle fratrie s'est disloquée. Moi non plus, voyez-vous,
mes chers parents !
Emilie s'installe dans votre magnifique maison ; le charme, la gentillesse et la grâce vont
redonner une âme à la douce maison où j'ai grandi.
Maman, c'est Emilie qui va s'occuper de fleurir tes fenêtres, d'habiter ta cuisine... Tu aimais tant
mettre de joyeuses couleurs et de la gaieté dans ton intérieur ; les rideaux de tes fenêtres vont à nouveau frémir sous la caresse du vent d'une fenêtre entr'ouverte, ton buffet qui était devenu
bien triste va retrouver des jours heureux.
Tu sais, papa, ta chambre est devenue le bureau de Emilie. Tu aimerais et tu serais si fier ! Toi qui
aimais passionnément les livres ; tu aimais les toucher, en ressentir le poids léger dans tes mains ; tu ouvrais ton livre, tu le feuilletais délicatement, tu caressais le papier du bout des
doigts, tu sentais le parfum subtil de l'écriture... Les livres étaient pour toi une source inépuisable de savoir.
Mon petit papa, je te revois avec ta faux dans le pré derrière "notre" maison, je te vois faucher
l'herbe d'un ample geste des bras. Ton corps respirait et bougeait au rythme de la terre. Tu aimais la nature et ses surprises toujours renouvelées. Tu savais admirer une fleur au milieu des
ronces, tu savais écouter et reconnaître avec ravissement le chant des oiseaux. Je souris au souvenir de ton premier contact avec ce petit tracteur/tondeuse. que maman a acheté. Elle aimait faire
plaisir, maman ! Tu ne l'as pas utilisé bien souvent, cette "machine", tu préférais laisser pousser l'herbe pour tes lapins et utiliser la faux. Tu étais un épicurien. Tu savais jouir des
bonheurs simples de la vie.
Papa et maman, vous allez pouvoir à nouveau jouer ce rôle qui vous allait si bien ; protéger et
accompagner l'un de vos enfants. Emilie ne sera jamais seule dans cette maison ; elle y sera bien parce que votre présence y sera toujours réelle. Veillez bien sur elle !
Nous sommes si heureux que la maison revive. Et sachez que vos biens, tout ce qui vous appartenait et
qui vous était cher : le salon où tu aimais te reposer, maman, avec ta précieuse petite table en verre et TON fauteuil ; la cuisine où tu as passé des heures et des heures à fabriquer tartes et
tartines avec tellement d'amour ; le billard, maman, ce billard si lourd que tu as tenu à acquérir avec grand bonheur, sachant qu'il allait rapprocher papa et tes garçons pour de belles parties
très animées ; ce fameux petit tracteur papa, que tu étais heureux de prêter à Vincent où un autre de tes enfants ; tous vos biens dont nous avons hérités, ces choses qui ont une histoire, notre
histoire, ces meubles qui respirent votre présence dans l'absence, vont retrouver VIE. Nous les donnons à Emilie, nous lui confions "notre héritage" du fond du coeur et en votre nom, avec
tout l'amour que ces murs ont engrangé.
La vie prend toujours le dessus. C'est une Pâque, une joyeuse Pâque. Et l'émotion coule de mes yeux et
de mon coeur !