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28 octobre 2005 5 28 /10 /octobre /2005 00:00

A rémering-lès-Puttelange il y a cinquante ans, les petits écoliers du village ont eu le Prix de Français Langweil

 

 

 

Mme Langweil fonde le prix de français : Madame Langweil, de son prénom Florine, est née en 1861 dans une famille juive et pauvre en Alsace. Elle épouse un antiquaire et, passionnée d'art japonais, devient l'un des plus grands spécialistes de l'art extrême-oriental. Patriote convaincue, elle s’occupe, durant toute la guerre, des réfugiés et organise des expositions aux profits de l'armée française. En 1921, elle reçoit la Légion d'honneur. En 1923, souhaitant développer et favoriser la langue française dans son Alsace natale, elle fonde le prix de français afin de stimuler l’apprentissage de la langue nationale.

 

 

 

1871, 1914, 1940 : épreuves douloureuses pour l’Alsace Moselle : Province charnière entre l'Allemagne et la France, l'Alsace-Lorraine a subi de plein fouet les conséquences des trois derniers conflits majeurs entre les deux pays. Française depuis 3 siècles, l’Alsace-Lorraine (Haut Rhin, Bas Rhin, nord de la Moselle et de la Meurthe et une partie des Vosges) devient ainsi le "Reichsland Elsaß Lothringen" après la défaite de 1870 et jusqu'en 1914, soit presque pendant un demi siècle. Lors de la reprise de l'Alsace Lorraine par la France en 1918, elle devient l'Alsace Moselle subdivisée en trois départements : Haut Rhin, Bas Rhin et Moselle. En 1940, elle se retrouve allemande presque du jour au lendemain avec, cette fois-ci des conséquences terribles pour elle, sans aucune possibilité de choix ! Aucune autre province française, même celles dont le rattachement est récent n'ont eu à subir autant de drames, tant sur le plan culturel, économique, linguistique et familial. La langue allemande devient immédiatement obligatoire et le français interdit. En 1945, la paix s’installe enfin et la langue française reprend sa place. Mais dans nos hameaux, le patois est difficile à éradiquer et dans notre village par exemple, pour contraindre la jeunesse à parler le français, un système de bûchettes est instauré ; l’enfant qui s’exprimait en dialecte recevait une bûchette qu’il transmettait ensuite à un petit camarade qui lui aussi avait fauté. Le malheureux gamin qui arrivait à l’école en possession de ladite bûchette était aussitôt puni. C’est ainsi que, de jour en jour, le parler français prit le pas sur l’allemand et l’idiome local. Louis Karp et Joseph Hurlin se souviennent que ce procédé de la bûchette avait déjà été utilisé avant la guerre.

 

 

 

Le prix Langweil attribué à l’école de Rémering : Le prix Langweil récompensait donc les petits Français d’Alsace Moselle qui avaient obtenu les meilleurs succès en langue française durant l'année, distinction suprême sachant que la langue maternelle était, et l’est encore dans nos campagnes, le dialecte allemand. C’est en 1955 que l’école de Rémering-lès-Puttelange obtient ce prix, dont la remise donna lieu à une grande fête organisée par le corps enseignant et les autorités locales avec à leur tête Louis Karp, premier magistrat de l’époque, et son secrétaire Norbert Schmitz qui n’était autre que le directeur des écoles. Les personnalités officielles du département et de l’enseignement tinrent à honorer de leur présence cet événement exceptionnel. Les écoliers et jeunes gens, en costumes confectionnés par les couturières occasionnelles du village, présentèrent avec sérieux et grâce une série de chants, de poésies, de pièces de théâtre et de danses supervisés par le personnel enseignant et mis en musique par Lucien Zingraff. La cérémonie, qui se déroulait devant les ruines de l’église, s’est achevée, comme il se doit, par la Marseillaise interprétée par la musique du foyer rural fraîchement constituée et dirigée par le même Lucien Zingraff, Marseillaise qui fut reprise en chœur avec beaucoup d’émotion par la population et les écoliers, devant élus, pompiers et mineurs au garde à vous. 

 

 

 

Remise de prix de français Langweil en 1955 à Rémering-lès-Puttelange

Les jeunes années ne furent pas faciles pour ces écoliers d’après-guerre ; outre le dénuement, les brimades étaient inévitables. D’une part les parents ne parlaient pas le français, d’autre part l’élève était puni s’il s’exprimait en patois à l’école ou même dans la rue.

 

 

 

Personnalités à la remise de prix Langweil à Rémering-lès-Puttelange

On reconnaît à partir de la gauche le sous-préfet et Louis Karp ceint de son écharpe tricolore ; l’inspecteur et le recteur de l’académie de Strasbourg ; Norbert Schmitz, directeur d’école et secrétaire de mairie ; le docteur Coumaros, député-maire de Puttelange ; à l’extrême droite Joseph Blanc, chef du corps de sapeurs pompiers

 

 

 

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